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Pourquoi se présente-t-on les vœux ?

Plaisir pour les uns, corvée pour certains (beaucoup ?), les vœux de la nouvelle année ont déjà quelques siècles au compteur.

Les Romains s’offraient des présents de bon augure, l’aristocratie réseautait avec des feuillets de souhaits, avant la popularisation de la carte de vœux inventée au XIXe siècle en Angleterre.

Aujourd’hui, bien que n’ayant pas échappés à la transformation digitale, nos vœux restent solidement ancrés dans ces traditions d’échanges d’amabilités qu’un courant de sociologie a identifié comme « l’expression obligatoire des sentiments ». Une obligation sociale qui ne vaut pas insincérité, d’ailleurs : il faut être rudement insensible pour ne pas avoir plaisir à recevoir des bons vœux… et même à en envoyer !

Et si nous avons ce plaisir, s’il demeure malgré les années, c’est aussi parce que les vœux sont un acte de langage qui dit quelque chose du pouvoir des mots.
Cela a voir avec le « cadeau verbal », le « marqueur rituel de solidarité » qui nous unit, ou encore la « routine conversationnelle » comme le note l’un des rares travaux de linguistique consacrés au sujet.

Mais il s’agit aussi de superstition (le mot vœu vient d’ailleurs du latin votum désignant une promesse aux dieux, autant qu’une prière, un souhait, un désir) : « Le vœu émanerait en effet du besoin du locuteur de compenser verbalement l’existence d’une sorte de menace liée à un avenir incertain, fragile, inquiétant […] le vœu représente une tentative purement performative de provoquer le bien, à travers l’explicitation de désirs et l’expression d’une foi partagée dans le pouvoir quasi « magique » des mots. » (S. Katsiki).

Au fond, échanger nos vœux est une des multiples façons de chercher à « rendre le monde conforme aux mots ».